L’homme qui réconcilia l’Amérique avec le reste du monde

Ce mardi 4 novembre avait de toute façon bien commencé. Le ciel était d’un grand bleu, la température très agréable et le monde entier prêt à aimer de nouveau l’Amérique si les choses tournaient bien. Manhattan bizarrement fut très calme. Presque serein. Confiant.

On le savait tous, ce jour là allait marquer les Etats Unis. Pour patienter ensemble, on a tous accroché nos badges bleus. On s’est regardés, on s’est souris et nos regards ont dit moi aussi j’espère, moi aussi j’ai peur. Puis le début de soirée est arrivé. Il y’avait des bars election night, des restaurants, des soirées entre amis mais moi je voulais être là ou toutes les caméras iraient ce soir là.

Je suis d’abord allée à Times Square et à 21h30 les écrans géants annonçaient que les démocrates emportaient la majorité à NY. Dans le centre des Etats Unis en revanche il faisait très rouge, Jack Ingalls devait être très fâché.

Times Square comme le reste de la journée fut très calme, presque serein. J’ai proposé à Yohan d’aller au Rockefeller Center. Dans le taxi nous sommes tombés sur le chauffeur Joe la flèche et j’ai hésité à lui demander de faire demi tour pour récupérer mon intestin perdu en route.

En arrivant au Rockefeller Center j’ai compris que je ne voulais être nulle part ailleurs. Ils ont fait cette chose fantastique. Sur le building qui surplombe la place, ils ont installé deux ascenseurs. Un rouge pour les républicains. Un bleu pour les démocrates. Selon le nombre de votes qu’obtenaient les partis, ils faisaient monter les ascenseurs.

A 23 h, l’ascenseur bleu avait largement dépassé le rouge. La présentatrice de NBC a alors pris la parole et la ville s’est tu. On a tous regardé en l’air, les drapeaux de l’Amérique flottaient au dessus de nos têtes et l’espoir est devenu réalité.

Barack Hussein Obama, démocrate afro-américain, sera le prochain président des Etats Unis.

De tous les moments depuis mon arrivée celui-ci est certainement un des plus forts. J’ai vu des gens pleurer de joie. Le 4 novembre 2008 devenait une page de l’histoire. Une page que mes enfants étudieront et à qui je repondrai « j’y étais ».

Barack Obama a mené une campagne formidable pendant 2 ans, entouré de 10 génies de la politique ayant recours à des stratégies brillantissimes. Il est un homme intelligent, brillant, qui a su y arriver sans avoir besoin de montrer son adversaire du doigt. Le chaos dans lequel G. Bush a fait plonger ce pays est dramatique mais ce mardi, l’homme Obama a réconcilié l’Amérique avec le reste du monde. Et qu’il soit noir, c’est une formidable touche en plus. Parce que derrière sa politique que l’on apprécie, il y a sa couleur et on ne peut pas oublier l’histoire. On ne peut pas oublier l’esclavage. On ne peut pas non plus oublier Rosa Parks qui se vit infliger une amende pour avoir refusé de céder sa place à un blanc dans le bus. Dans son autobiographie elle expliqua « enfant, je pensais que l'eau des fontaines pour les Blancs avait meilleur goût que celle des Noirs. ». Si elle était encore vivante, elle saurait que ce mardi 4 novembre, toutes les fontaines avaient le même goût.

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